La japanimation mature

En tant qu’amateur d’animation japonaise, vous aurez certainement déjà eu droit au fameux « c’est pour les enfants ». En réaction, beaucoup de jeunes fans cherchent à prouver la maturité du média, mais pas forcément avec la bonne approche…

On sait que si ce cliché persiste, c’est parce que les dessins animés français ont traditionnellement visé le jeune public. Par leur forme, les animés japonais sont donc considérés à la même enseigne. Or, il suffit de s’y intéresser un minimum pour savoir qu’il n’en est rien. D’autant que l’animation n’est pas un genre, mais un medium, donc libre de raconter toutes sortes d’histoires. Il ne viendrait à l’idée de personne d’avancer que les films sont uniquement destinés au troisième âge, par exemple. Et quand on sait que les premiers animés en France étaient jugés comme violents ou à caractère sexuel, on constate rapidement qu’il y a comme un paradoxe à dire que seuls les enfants regardent de l’animation.

Avant d’aller plus loin, je pense qu’il est essentiel de définir ce qu’est la maturité. Le terme désignerait le plein développement physique, intellectuel et affectif, ou encore la plénitude du développement. En clair, un stade au-delà duquel on ne se développerait plus, ou peu. Autant dire que ce n’est pas vraiment ce qu’on entend lorsqu’on parle « maturité » d’un contenu. En fait, il faudrait plutôt se tourner vers un autre sens du terme, à savoir une sûreté dans la réflexion et l’analyse, permettant de saisir ce qu’on nous montre dans son entièreté.

Dès lors, on va enfin pouvoir définir ce qui fait un animé « mature ». Et c’est là que l’on se rend compte que la violence ou la sexualité n’ont rien de mature, mais représentent plus des tabous destinés à préserver l’innocence enfantine. Si ces contenus sont souvent cités en exemple, c’est par confusion entre maturité et transgression des tabous fixés par les adultes. Une chose que tout le monde fait à l’adolescence, lorsque l’on se cherche et qu’on aspire à grandir/murir.

Non, la véritable maturité d’une oeuvre se trouve dans les thématiques qu’elle aborde, et la façon dont elles sont présentées. Parler de guerre, de dépression, d’esclavage, de suicide, de handicap, cela ne suffit pas si le traitement et les problématiques restent superficielles. Il faut rechercher des oeuvres au récit et aux personnages nuancés, proposant un double-sens de lecture, avec un message sous-jacent incitant à des questionnements qui passeraient au-dessus de la tête d’un enfant. Et c’est valable tant sur le plan narratif que visuel.

En bref, si vous souhaitez démontrer la maturité qu’on trouve dans la japanimation, détachez-vous de ces approches superficielles, violentes ou sexuelles, et concentrez-vous plutôt sur les thèmes et problématiques. Alors, vos arguments auront un véritable poids.

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